Les Primeurs de Massy @ Salle Paul B Massy 28/10/2010

Le timing est serré. Quelques entorses au code de la route au milieu des allées sinueuses d’un quartier résidentiel et nous voilà parqués dans la rue du Centre culturel Paul Bailliart. Ce soir, la salle de spectacles essonnienne y accueille le premier jour du festival « Les Primeurs de Massy » qui s’annonce prometteur au vu de la fréquentation. Il serait peut-être bon messieurs-mesdames les organisateurs de penser à un parking plus conséquent les soirs d’affluence.

C’est une première pour moi. Précision faite, la première étape consiste en une découverte en règle des lieux en compagnie d’habitués qui se reconnaîtront. Dans le hall, un salon d’écoute a été installé dans un coin pour permettre la découverte des artistes qui se produiront dans la soirée. Si la mélodie au creux de vos oreilles vous a plu, rien ne vous empêche de vous en procurer l’enregistrement au merchandising avant d’aller partager vos impressions dans cet immense bar et son non moins immense écran de projection, qui ne sont pas sans rappeler la hauteur sous plafond de la piste aux étoiles.

L’arrivée sur scène de Kyrie Kristmanson dans la grande salle pouvant accueillir jusqu’à 600 personnes me fait penser à celle d’un petit animal fragile, plus proche de l’oisillon innocent que de la tigresse. L’entrée en matière minimaliste (elle s’accompagne à la guitare) n’est pas facile et elle en convient. Coiffée d’une toque à poils blancs, seule au micro, la Canadienne ne se démonte pas. A 20 ans, elle pourrait être la petite sœur folk & jazz d’Olivia de The Do et Camille. Pendant qu’un trompettiste entre à pas feutrés après « Song X », le premier morceau, elle réaccorde sa guitare, sans un mot. Et pourtant, c’est une acoustique troublante où tout s’entend : le toussotement, le bruit d’un talon, le déclenchement d’un appareil photo… Loin des Who, l’aérien « Who » précède la prise de parole bilingue de la jeune artiste : « Hello, bonsoir ! Comment allez-vous ? ». Elle paraît impressionnée d’interpréter les premières chansons des Primeurs et le souligne dans son intervention. Après « Birdsong » où on entend le coucou et s’être imaginés dans une forêt du grand nord, c’en est trop de cette atmosphère oppressante et je préfère retrouver la pollution toute relative de la région parisienne.

Au tour de Sam Karpienia au Club, la seconde salle, celle de 300 places avec mezzanine. J’avais déjà entendu cette voix rauque et je n’avais pas apprécié mais laissons lui une nouvelle chance… Assis, guitare sur les genoux, les yeux fermés, je ne trouve pas beaucoup plus d’intérêt à cette musique traditionnelle voire régionale puisque souvent en occitan. Daniel à la mandole joue à faire l’acrobate sur sa chaise pendant que Sam, après nous avoir précisé qu’ils venaient de Marseille, demande à la cantonade si nous connaissons la Cannebière et autres réjouissances comme la prison des Baumettes, chemin qu’il ne nous conseille guère. Après ce cours de géographie abrégé, la voix du groupe trinque au vin rouge à notre santé pour soigner son mal de gorge. Son ombre chinoise se projette le long du mur de droite. Certains titres tiennent du fado et de la chanson gypsie mais tous n’ont qu’un seul but : nous ouvrir les yeux. Les yeux du voyageur, guidé par l’impromptu. « Et si d’aventure, je croise ton regard, le voyageur, ne fuis pas ».

Retour au point de départ pour une nouvelle voix féminine révélée récemment par la télé : il s’agit de Camélia Jordana. Elle est méconnaissable dans sa chemise de nuit d’autrefois blanche, très maquillée sous la frange épaisse de ses cheveux lissés. Sur scène, elle est accompagnée de Babx. Avec le deuxième titre « Moi c’est », elle joue nettement la carte de la frime. Son vœu ? Partager de jolis moments musicaux et une agréable soirée. Traverser les époques aussi : « Mens-moi » a un son ancré dans les 60’s. Pendant son premier single, « Non, non, non », Camélia est prise d’un fou rire. Après la seule chanson où nous pouvions crier, changement d’ambiance avec la « Diva » qui est « Tombée de haut » : de 8 à 10 centimètres de talon ? La nonchalance colle au corps de son personnage surtout lorsqu’elle interprète la chanson de la femme qui porte les même initiales qu’elle, j’ai nommé « Calamity Jane ». Bilan de la prestation : un public peu enthousiasmé, à mon humble avis.

Ce n’est pas pour sa marinière que je me suis déplacée mais c’est bien PacoVolume qui m’a convaincue de venir. A l’exception du batteur qui reste très concentré, les musiciens planent : Clément, le bassiste garde les yeux en l’air, Fred aux claviers est la touche électro du groupe… jusqu’au bout des orteils ! Ils nous jouent « Stand By Me », un morceau déjà assez connu. Il y aura le leur maintenant beaucoup plus pop que le standard de Ben E. King. Ils font parfois dans le « rock chrétien » : « Judas » en est l’exemple le plus évident. Ils peuvent aussi proposer du rock plus minimaliste où « wow ! ça fait rêver une toute petite guitare en bois » ! Puis, il est temps au public peu généreux de prendre une leçon d’ovation avec Clément : « en général, vous applaudissez jusqu’à la fin et on fait l’autre morceau après ». Enfin, de temps à autre, ils reprennent brillamment « Kids in America » de Kim Wilde. On nous demande alors de réagir plus vite puisque « dans dix minutes, c’est terminé ! ».

En me fourvoyant alors que je cherchais à rejoindre les balcons, j’ai surpris les vocalises plutôt scotchantes d’Asaf Avidan. L’Israélien, clou du spectacle pour sa voix hors-norme, est assis au pied de la batterie. Il est progressivement rejoint sur scène par les Mojos. Sa musique folk où la guitare se fait à la fois douce et démon intègre aussi des cris primitifs, venus des profondeurs des temps et des trippes. Les artistes ont la chance d’être chouchoutés par un manager qui devine leurs besoins. Constituée de duc, lord et princes, la bande est très soudée. Le public, tiède jusque-là, est conquis en un rien de temps. Il fond littéralement quand Asaf s’essaie à notre langue : « je ne comprends pas le français ». Et de repartir : « Johnny, make some noise… ».

Cette entrée a été publiée dans Chroniques Concerts, avec comme mot(s)-clef(s) , , , , , , , , . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.