Au Pont du Rock Jour 2 – Samedi 30 juillet 2011- Une Katerine peut en cacher d’autres

Il faut croire que la veille a été éprouvante entre route et concerts tardifs parce qu’il nous a fallu une petite sieste à l’ombre de la scène grenouille pour nous remettre d’aplomb. Et quoi de meilleur pour redonner la pêche qu’une p’tite interview avec les excellents Skip The Use.

Rien de tel pour se réveiller que la musique douce de Matiz Métisse, et la voix de Cindy qui nous chatouille les tympans. Au retour de notre moment de détente, une sympathique collègue nous apprend sa dramatique aventure de la veille : sac photo volé dans la fosse ! Plus les moyens ni le cœur d’assouvir sa passion. Courage à toi si tu nous lis et on ne tolèrera aucun abandon de ta part ! La méfiance sera donc de mise ce jour.
Sortis de la tente presse, on entend de loin les notes reggae de Winston McAnuff avec le Bazbaz Orchestra. En se rapprochant de la scène dragon, la grande, Camille Bazbaz prend un visage et une tonalité que je ne lui connaissais pas. Il s’affiche ici au clavier, en touche à tout, un poil exubérant. Ce dernier donne le mauvais exemple avec sa binouse et d’insister dans le graveleux : « Quel est le contraire de Malestroit ? Bien écarté ! ». « Mister White Shirt » nous plonge dans le bain jamaïcain à grands renforts de « Mother Africa ». J’ai été moyennement sensibilisée à la cause musicale.
En revanche, j’accours pour voir Slobodan, la voix d’Opium du peuple, aux prises avec son téléphone. Sa conversation ne nous échappe pas et on croit bien entendre « le public est un peu crétin ». Attention, les Bretons n’attendent qu’une fausse note… Il n’y en aura pas dans ce show très enlevé au cours duquel on se rattrape avec une déclaration d’amour : « Que je t’aime » de Johnny, revisitée en version punk, au même titre que bon nombre de morceaux qui suivront. Voici donc un groupe de reprises culotté… ou pas ! Et pour la dernière date de la tournée, ils se déchaînent et nous permettent de revisiter nos classiques ! En cadeau, ils nous offrent « L’Amérique » de l’ami Joe. Décidés à se faire des amis dans le coin, ils poursuivent sur la chanson locale, « un peu à la Nolwenn Leroy » : celle-ci a été « écrite à la sueur et au coup de grisou », je veux bien sûr parler des « Corons » de P. Bachelet. Viennent s’ajouter les 4 Opiumettes proposant en sus des chœurs, une choré sage et léchée, en short et collant résille. Slobodan s’adresse ensuite au guitariste Otto von Muchnikwald pour lui demander de nous jouer une chanson pour les babas cool. Le voilà qui entonne « Schnappi », le générique du petit crocodile du cartoon allemand. A la suite de cet intermède, la maison bleu de « San Francisco » prend forme dans l’esprit de quelques centaines (plutôt milliers !) de personnes. Vient ensuite l’heure de la minute politique : une lettre pour le prochain président Nicolas Sarkozy. Le public manifeste son mécontentement et Otto avec un accent allemand très prononcé exige de nous « un peu de respect ». Ils dérivent de plus en plus à droite « Marine, espèce de sale poubelle de merde » jusqu’à l’annonce du titre un tantinet moins provocateur « Marche à l’ombre ». C’est à la fin de ce morceau qu’un technicien monté sur scène pour une raison encore obscure se fait fouetter par l’une des Opiumettes, sous les yeux d’un Marsupilami consentant. Slobodan, de retour sur scène avec une veste à paillettes demande de faire « du bruit pour l’orchestre ». Il poursuit avec beaucoup de sérieux : « Quand on fait de la variété, le but c’est de donner à ceux qui gagnent moins. Alors, sauvons les punks à chien ! Libérons les abribus ! Tous les bénéfices de ce concert leur seront reversés… ». Oh surprise, ce discours a introduit un tube anar à la façon de Bénabar : « Antisocial » ! On accélère, les pompom girls aussi parce que « les rastas ont pris du temps ». A vrai dire, Slobodan caresse le doux espoir de faire chanter les mecs de la sécu. La reprise choisie, « désolé », c’est du Chédid : « T’as beau pas être beau / festivalier… ». Le final est une chanson pour sa femme Perrine, alors il a choisi d’appeler le dernier morceau « Aline ». Un clignement d’œil plus tard, il est en string et porte-jarretelles : « Arrête de regarder mes couilles ! ». Faussement gêné, il pense rendre service à sa guitariste en lui signalant que « ça » déborde dans sa nuisette en latex rose fluo. Le tout se terminera en gros pogo au ralenti car après tout, n’est-ce pas la plus belle chanson d’amour ?


Je ne veux pas dire mais Katerine doit avoir la pression après une telle prestation. Son arsenal ? Guitare à short, gilet à franges, legging à deux couleurs et chemise à l’indienne. Philippe en homme poli souhaite le « Bonjour » à tous les participants. Les Katerinettes font leur entrée pour « Des bisoux ». Ajoutez un peu de folle incohérence : « Vous aimez le ré majeur ? C’est notre accord préféré ». Et « Bla bla bla »… Avant que les bananes volent en touchant parfois leur cible, Philippe s’éternise sur la devise « Liberté ». Certains fruits portent des numéros de téléphone avec des messages salaces, du type « Bouffe ma chatte ». C’est scandaleux ! Il se rattrape en proposant un duo Katerine-Catherine Ringer avec « Andy », 100% VIP.

Pas de répit pour les scènes. Mademoiselle K enchaîne illico. La crête rouge qu’elle arbore de plus en plus haute, ressemble à s’y méprendre à une vraie. « Aisément » et avec une sincérité qui lui est propre, l’autre Katerine commence à défendre les titres de son dernier album « Jouer dehors » puis revient (mais un peu tard) à ceux qui l’ont fait découvrir du grand public.
La troisième Catherine de la soirée, l’inimitable Ringer pour le coup, bien conservée, a une sacrée pêche. Cette interprète de talent continue à faire rôder l’esprit de Fred sur scène en s’entourant de leur fils, Raoul Chichin à la guitare. Pendant cette soirée, nous aurons donc entendu deux versions de « C’est comme ça » : la première par l’Opium du peuple, la seconde par Catherine en solo. A vos claviers pour nous dire laquelle vous avez préféré.
C’est le tour de la très appréciée belge Selah Sue qui ne m’avait pas vraiment convaincue en conférence de presse au cours de laquelle on apprend qu’étudier la psychologie lui aurait servi à aider les gens mais elle s’inspire d’autre chose pour l’écriture de ses textes. La blonde à la beauté surnaturelle peine aussi à me séduire sur scène tant sa musique est loin de ce que j’écoute, à l’image de son titre incontournable « Raggamuffin ».
Et de deux ! Je reste également insensible au charme exercé par Olivia de The Dø, croisée dans les allées du festival, sans la reconnaître sur le moment…

Seulement, lorsqu’arrive the Skip the Use time, je ne réponds plus de rien. Les yeux rivés sur la scène, je profite à fond de chaque minute sans penser à vous faire un topo. A signaler pour la set list : deux titres inédits et la reprise de « Song 2 » de Blur. Pour plus d’infos, vous reporter à l’interview réalisée le même jour. Toute mon énergie pompée par les Lillois, Chinese Man a fait les frais de sa programmation très tardive.
Sans abus aucun de notre part, il est bien difficile de trouver la sortie qui n’est plus à la même place que la veille au soir ! Si, si ! Dans la crainte de nous faire chiquer par le chien du vigile, nous rentrons à grands pas par un chemin détourné vers notre brave titine qui nous attend pour bientôt nous faire voguer vers d’autres aventures…

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