Interview politiquement incorrecte – Skip The Use @ Au Pont du Rock 2011

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les maisons de disques sans jamais oser le demander. On a osé pour vous en compagnie de Mat Bastard (chant emblématique de Skip) et Yann Stefani (guitare) !

Carnets de Concerts : Votre premier album est indisponible et vous avez dû annuler la fin de votre tournée, suite à votre changement de maison de disques. Etait-ce une obligation de votre nouveau label ou un concours de circonstances très malheureux ?
Yann : Comme tu dis, ça nous fait super chier de faire des concerts et de ne pas avoir d’albums à vendre. On fait de la promotion pour pratiquement rien, juste pour nous faire connaître. On espère que les gens ils ne vont pas oublier déjà juste le nom du groupe parce que notre seule promotion, c’est un backdrop marqué « Skip The Use ». Donc, logiquement y’a un EP qui sort en septembre. Normalement, ça devait être un deuxième album et finalement c’est un EP

CdC: C’est un peu illogique…
Yann : Enfin non, la logique quand tu as fait un premier album, c’est plus ou moins d’essayer de le ressortir et d’avoir encore la possibilité d’avancer avec parce qu’il y a tellement de gens qui le demandent ! Nous, même sur Internet, on ne répond pas aux gens parce qu’on n’a pas la capacité de le faire. Donc, pour nous, c’est super gênant. On pensait vraiment que ça allait se passer différemment.
Mat : Sauf que le vrai truc, c’est qu’on a sorti notre premier album tous seuls. On était juste incapables d’en ressortir un autre : on n’avait plus de tunes. Personne ne voulait le sortir.

CdC: Pourtant, on l’a trouvé dans le commerce (à la FNAC pour ne pas les citer) !
Mat : Parce qu’on s’est cassé les couilles pour que ce soit le cas et on en fait une certaine quantité (on ne pouvait pas en faire plus). Et à partir du moment où on a tout vendu, soit on trouvait un partenaire avec lequel il faut réécrire l’histoire parce que le groupe est monté vite et les gens se sont dit : « Bon bah, ça y est, il va y avoir un autre album ! ». Mais nous on a dit « Attendez » : ça a juste permis que les maisons de disques disent : « Nous, on veut bien travailler avec nous ». Voilà, c’est tout. Nous, on n’avait pas les moyens, on a mis nos couilles sur la table, on s’est cassé le cul pour sortir un premier album. Pour l’instant, on tourne encore sur ce premier album qu’on n’a pas ressorti.
Là, on devait sortir le nouvel album à l’automne et forcément, les maisons de disques ont aussi un agenda de sortie. Donc, c’est un peu difficile pour nous de le sortir dans les conditions qu’on veut. Après, on est dans une major, on est un groupe de rock, on n’a vraiment pas envie de sortir un album de variété française. Donc, on préfère sortir un EP, continuer à faire des dates car c’est comme ça qu’on s’exprime le mieux (un EP 100% rock n’roll) et on sortira l’album en janvier. L’album qu’on veut et on le sortira comme on veut, avec la pochette qu’on veut, avec le looking qu’on veut et pour ça, on prend un peu le temps. Ca a pris un an, en gros, pour secouer les choses mais c’est pas évident. En même temps, sans ça, on aurait arrêté parce qu’on n’avait pas les moyens financiers. De nos jours, si on n’est pas soutenus par une structure, c’est très compliqué. Alors après, on nous incite à faire les choses nous-mêmes (c’est ce qu’on a fait) mais ça a une durée de vie.
Et c’est vrai que la première année, on a préféré tout cramer en faisant des dates, des dates, des dates parce que c’est ce qu’on aime faire. On a beaucoup voyagé, on a fait plein de concerts. Et à un moment donné, il y a des dates qu’on n’a pas pu faire. Bon, pour la plupart, on les a repoussées donc là, on a presque tout refait. On a une grosse tournée à partir de la rentrée, on fait vraiment le tour de France. Là, on s’est trouvé un gros tourneur. Tu vois, les choses se sont mises en places, peut-être plus lentement qu’elles se sont mises en place avec le public. Forcément, le public est un peu déçu mais bon, c’est le temps qu’il a fallu pour trouver une structure pour pouvoir répondre à la demande des gens. Mais je pense que d’ici décembre, quand on aura fait toutes nos dates et que l’EP sera sorti, on ne se posera plus ce genre de questions. Mais nous, on est dans le même état que vous voire plus parce que nous, on est prêts, nos titres sont prêts.
Yann : On a annulé des dates pour faire le dernier album. Ca fait chier mais on ne pouvait pas faire autrement. Franchement, le gros business comme ça, on ne le connaissait pas et c’est vrai que c’est différent.

CdC: C’est dommage parce que sur scène vous défendez très bien vos titres.
Yann : Ouais, là, on a fait Solidays, il y avait 10 000 personnes. On a fait Denfert-Rochereau [pour la Fête de la Musique], c’était pareil. Et on se dit, c’est super cool, les gens viennent nous voir et on a juste un Facebook, quoi (http://www.facebook.com/skiptheuse) !
Mat : Après, y’a rien qui empêche les gens de le dire. On ne va pas révolutionner le système de la musique. Rien qu’en sortant l’album nous-mêmes, en faisant presser un disque… Parce que du tourneur à la maison de disques, c’était vraiment artisanal. Je pense que se retrouver dans des festivals comme Montreux, au canada ou au Sziget ou au Solidays, c’est un beau doigt au milieu de la musique ! « T’as vu là, c’est mon pote le tourneur qui m’a amené là à côté des grosses têtes d’affiche ». Bon, ça a une durée de vue car on n’a pas les reins assez solides pour le faire pendant 2-3-4 ans. Mais, maintenant, je pense que c’est aussi aux gens comme toi de dire : « Voilà, moi ça me casse les couilles » ! Rassure-toi, nous aussi, on a ce discours-là mais c’est un gros immeuble à bouger.

CdC: Mon plus gros coup de cœur aux Solidays l’an passé, c’était vous !
Mat : On y est retourné cette année et c’était encore super.
Yann : Cette fois-ci, on était attendus.
Mat : C’est un festival différent à la base qui correspond aussi à l’esprit du groupe. On avait envie de faire des choses pour changer avec notre musique. On n’a pas forcément un discours militant mais on peut être militant en faisant partie de ce festival.

CdC : Et vous qui avez des attaches dans le nord, vous connaissez un peu le public breton ?
Yann : On le connaît un peu le public breton, on est venus plusieurs fois dans le coin. A Châteaulin et puis à Corsept. On aime bien car c’est un public qui ressemble un peu au nôtre. Ils boivent autant de bière ! (rires) Peut-être plus, même…
Mat : Et puis, c’est vraiment la région des festivals. Là, on s’est fait 5 jours en Vendée, la Déferlante. On a joué sur les places du village. C’est vraiment sympa aussi. C’est un truc que les groupes ne font pas. Et puis après, tu rentres dans un circuit et tu joues dans les festivals. C’est franchement pas évident et c’est une sacrée expérience. Enfin, c’était pas la Bretagne, c’était la Vendée. Contents d’être là.
C’est cette ambiance qu’on essaie de conserver. C’est pour ça qu’on est proches de groupes qui n’ont rien à voir avec nous. Dans un groupe comme Shaka Ponk, y’a aussi ce même côté familial. Et nous, du technicien aux artistes, on est tous proches. C’est important pour nous et c’est sûr qu’on se trouve propulsés dans un milieu où ça n’a pas réellement de sens. Soit tu deviens quelqu’un d’autre, soit tu coupes la poire en deux et tu fais les choses à ta manière. Nous, on a préféré prendre notre temps et continuer à être avec notre kiff, faire le son comme on a envie de le faire. Sinon vous auriez été les premiers à vous plaindre. Mieux vaut prévenir que guérir.

CdC : Un jour, si vous faites une date avec Shaka Ponk, vous nous prévenez !
Yann : On avait prévu ça l’année dernière parce qu’on était avec le même tourneur à un moment et c’est vrai qu’on aimerait bien faire un truc avec les Shaka. On y a pensé.

CdC : En effet, leur énergie et la vôtre sont assez similaires.
Yann : Ouais, complètement ! Dans leur état d’esprit surtout. Et y’a pas beaucoup de groupes en France qui marchent dans une énergie comme celle-là. Mais nous aussi, on aimerait bien se faire une petite tournée avec des potes.
Mat : A Corsept, on s’est retrouvé à jouer avec eux mais c’est un peu le hasard des dates. Ce serait bien mais ni eux ni nous ne pouvons imposer des choses, alors pour l’instant, on s’en remet au hasard du calendrier… Mais c’est vrai qu’un jour, si on est en mesure de faire des choix, ils se tourneraient sûrement vers eux parce qu’on se marre bien. C’est surtout ça, les concerts !

A bons entendeurs, salut ! Et surtout, n’oubliez pas de faire tourner !!!
Se pose maintenant une question cruciale pour Mat : comment occuper son temps jusqu’à 1h35 ?!

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